La trottinette, un mode de déplacement ou une mode passagère ?

23 Juin 2019 | A savoir, Actu, Coup de coeur, Techno, Vélo à réactions

L’histoire de la trottinette

L’ancêtre de la trottinette, plutôt appelée patinette à l’époque, est utilisée en public pour la première fois en 1895.

Ces premiers modèles de trottinettes étaient faits en bois, possédaient 3 roues (1 à l’avant et 2 à l’arrière), et étaient plutôt destinées aux enfants des familles aisées.

La trottinette quitte le monde du jouet

À partir des années 50, elle se transforme en véritable moyen de transport, utilisée par de nombreux professionnels. Il faudra attendre un demi siècle pour voir ce phénomène se reproduire.

Passée de mode au profit de nouveaux modes plus ludiques comme le skateboard, le patin à roulettes nouvelle génération (le rollerskate), le développement du vélo, il faudra attendre l’invention d’un modèle pliable en aluminium pour voir son grand retour dans toutes les hottes du père Noêl des années 96, 97 avec la Razor.

Suite à cette nouvelle déferlante, les trottinettes ont fait leur retour dans les skateparks, consacrée au début des années 2000 par l’apparition d’une nouvelle discipline extrême : le freestyle. Comme avec le skate, roller ou BMX, il s’agit d’exécuter des figures (tricks) avec son engin à roulettes.

Le passage à l’âge adulte

Depuis quelques années, la trottinette est  utilisée aussi bien par les enfants que les adultes. Son utilisation s’est diversifiée en rajoutant le moyen de transport et l’utilisation sportive à l’aspect ludique initial.

Dernière étape en date, l’explosion des modèles électriques ( sans parler des innombrables variations comme l’hoverboard, le monocycle et le gyropode).

La trottinette à l’assaut du Vélib ?

En un an, de juin 2018 à juin 2019, on est passé à 12 opérateurs de trottinettes électriques en libre service à Paris !

Vous trouverez sur le site CNEWS un comparatif exhaustif et très complet de ces 12 offres :  PARIS : QUI SONT LES 12 OPÉRATEURS DE TROTTINETTES ÉLECTRIQUES EN LIBRE-SERVICE DE LA CAPITALE ?

Pendant ce temps, le nombre d’abonnés au service Vélib passe en un an de 285000 à 130000, et des soucis de maintenance et de mise à disposition de flottes détériorent la qualité de service et la satisfaction des usagers.

Extrait du Parisien : « Pour moi, la trottinette c’est avant tout un moyen de substitution au Vélib, qui marche toujours aussi mal, regrette-t-il. C’est beaucoup plus cher, mais ça a la même fonction, pour effectuer un aller simple par exemple ».

Dès lors, peut-on penser que certaines personnes délaissent le Vélib pour se ruer sur les trottinettes électriques qui envahissent nos trottoirs et pistes cyclables ?

Et quand je dis « envahissent », je vous invite à regarder cette vidéo si cela fait quelque temps que vous n’avez pas mis les pieds à Paris…

Mais où doit rouler une trottinette ?

Que dit la loi ? Tout comme le roller, aucune législation spécifique n’existait jusqu’à présent, rendant l’utilisation de la trottinette très floue et confuse. Vous pouvez chercher la trottinette dans notre article sur les panneaux vélo, vous aurez du mal à la trouver…

Ni comme un vélo pour les pistes cyclables, ni comme un piéton pour les trottoirs, ni comme une voiture pour la route, ces modes de déplacement dérangent les habitudes. Encore plus, lorsqu’une motorisation électrique vient compliquer le débat avec des vitesses au delà des 30km/h et de réels dangers pour de nouvelles cohabitations. 

Le nombre d’accidents, parfois mortel, ont accéléré la nécessité d’une réaction. Des incivilités sur les trottoirs, ont en même temps, entrainé une certaine antipathie envers les trotteurs.

Plus d’un million d’usagers de trottinettes à Paris, soit entre 0,8 et 1,9 % de l’ensemble des déplacements internes à la ville. Il était temps de réagir.

Nouvelle loi à partir de septembre 2019

Annoncée récemment par Élisabeth Borne, la ministre des transports, la nouvelle Loi des mobilités entrera en vigueur en Septembre 2019.

Voici une synthèse des mesures concernant la trottinette et plus généralement, les EDPM (« engins de déplacement personnel motorisés »), comme les monoroues , hoverboard et autres gyropodes.

Des amendes viendront compléter (si on peut dire), les mesures :

  • une amende de 135 euros pour la circulation sur trottoirs,
  • 35 euros en cas de non-respect des lois de la circulation 
  • une amende de 1500 euros en cas de dépassement de la vitesse autorisée.

 

Loi des mobilités EDPM

  • interdit sur les trottoirs (sauf si le maire l’autorise)
  • interdit aux enfants de moins de 8 ans
  • interdiction de dépasse les 25 km/h
  • obligation d’emprunter les pistes cyclables
  • s’il n’y pas de piste cyclable, seules les routes limitées à 50km/h maximum seront autorisées
  • usage des écouteurs interdit
  • casque obligatoire pour les enfants de moins de 12 ans
  • feux avants et arrière obligatoires.
  • port d’un gilet rétroréflechissant la nuit ou lorsque la visibilité est faible
  • avertisseur sonore obligatoire (klaxon) (?)
  • transport de passagers interdit
  • stationnement sur trottoir encadré
  • tenir à la main sa trottinette électrique et moteur coupé pour circuler dans les immeubles et sur les trottoirs

 

EDPM ? « engins de déplacement personnel motorisés »

 

Le profil de l’usager à trottinette

Commençons par rappeler aux non initiés, qu’on appelle trotteur la personne qui chevauche son destrier métallique.

Le cabinet 6T dresse le portrait-robot de l’utilisateur et les usages de la trottinette électrique à Paris.

Pour certains usagers, la trottinette « C’est comme le vélo, en plus fun ! ». Bizarrement, c’est ce que je me suis toujours dit pour mes rollers !

Mais il semble que l’usage principal d’une trottinette électrique soit avant tout, gagner du temps : le Parisien qui se déplace à trottinette est pressé.

Dès lors, on peut comprendre les incivilités et les réactions épidermiques lorsqu’une vitesse excessive, des défauts d’inattention, des engins puissants et silencieux, se retrouvent lâchées parfois sans réelle maîtrise de l’environnement urbain ni de son outil de déplacement.

Ils sont fans de trottinette

Le Journal du Parisien les a rencontré. Extrait :

A ses côtés, ses parents et ses trois sœurs, venus de la région de Boston, ont tous loué une trottinette.
« On a découvert ça ici à Paris et on adore !, s’enthousiasme Robyn, la mère. J’ai de l’arthrose, j’ai mal aux jambes, je ne peux pas marcher très longtemps… Grâce à la trottinette, on peut visiter Paris tous ensemble en famille. Et puis je dis bravo pour les pistes cyclables, on veut les mêmes aux Etats-Unis ! »

 

Portait Robot du trotteur

  • Usager masculin (69 %) et presque quadra (37 ans, en moyenne)
    • Plus de la moitié des utilisateurs du service de trottinette électrique en libre service ont entre 25-34 ans (28 %)
  • Mi-Francilien (58 %), mi-touriste (42%)
  • Cadre supérieur diplômé (59 %) dont Bac + 5 (32 %)
  • L’usager est attiré par l’aspect ludique (69 %), le gain de temps (68 %), la possibilité de s’arrêter devant la porte de sa destination (22 %).
  • Un complément des transports : sans trottinette, ils auraient fait leur trajet à pied (44 %) ou en transports en commun (30 %).

Les objectifs

Mais quels sont les objectifs du développement des EDPM dont la trottinette électrique dans nos villes ?

  • réduire la place de la voiture
  • lutter contre la sédentarité et l’obésité
  • développer des alternatives de déplacement non polluantes
  • être accessible à tous les profils, sportifs et non sportifs
  • intermodalité avec les autres modes de déplacements collectifs (metro, bus, train, covoiturage…)

Pensez-vous à d’autres raisons de plébisciter ou à l’inverse de modérer l’explosion des EDPM dans nos communes ?

Pour ma part, je suis un peu sceptique sur la lutte contre la sédentarité quand je vois le profil type des usagers. Peut-être que permettre l’installation de douches et de vestiaires dans les entreprises permettraient de continuer à démocratiser l’usage quotidien d’un sport pour ces trajets domicile travail…

Merci pour vos commentaires.